Année 2007
COMITE BOSNIE MIR SADA ( Lyon )
9, rue Despeignes 69008 – LYON –
Tél Fax Rép : 04 78 09 02 90
e-mail : mir.sada.bosnie@gmail.com
Ass. Loi 1901 – Autorisation Préfectorale 1/36308
– Compte Crédit Agricole n° 75257858000 Agence Lyon Roosevelt
Chers amis,
L’Assemblée Générale 2007 de notre Association se tiendra
Le Samedi 12 Janvier 2008 à partir de 17 h
À la Maison du Temps Libre à IRIGNY (69) , 19 rue du stade, (bus n°15)
Ce temps d'échange se poursuivra vers 20 h par un repas festif
( prix du repas 10 €, inscription par courrier ou couriel )
L'année 2007 aura été pour les citoyens bosniens une année douloureuse et sombre : en février 2007 la Cour Internationale de Justice ne retient pas la responsabilité de la Serbie dans l'agression menée contre la Croatie et la Bosnie Herzégovine entre 1991 et 1995, ainsi que dans le génocide de Srebrenica... Quelques semaines plus tard, le Tribunal de Belgrade juge sans sévérité les « scorpions », milice armée dont les crimes ont été rendus publics par la diffusion d'une cassette vidéo insupportable. Ainsi va fondre au cours de l'année, toute espérance de voir la Justice s'emparer de l'histoire et faire droit aux victimes. « Paix et châtiment» livre de Florence Hartmann , porte-parole de Carla del Ponte procureure au TPIY, démontre combien la justice internationale est instrumentalisée par la politique et enlève toute illusion de voir les leaders serbes Mladic et Karadzic jugés pour leurs crimes.
Mais quand on a traversé l'enfer on a toutes les audaces... ainsi les femmes de Srebrenica ont déposé en juillet 2007 une plainte au Tribunal de La Haye, contre les Nations Unies et contre les Pays Bas, et cette plainte a été reçue... la justice internationale est donc appelée à établir la responsabilité de l'ONU et celle de l'état néerlandais dans le massacre de Srebrenica. La soif de justice est grande en Bosnie, tant de criminels ordinaires ( entre 10 et 30 000 ) courent encore les rues et narguent leurs victimes.
La mémoire est difficile en République Serbe de Bosnie, de même qu'en Serbie... le déni reste la plus sûre défense et, entre autres signes, les camps d'internement et de torture ont retrouvé leur fonction antérieure, école, usine ou salle de sport, sans aucun repérage, comme si l'histoire récente devait être effacée de la mémoire collective. Louise LAMBRICHT ex-procureure au TIPY écivait récemment « seul un travail de mémoire en profondeur sortira les peuples des Balkans du marasme où la communauté internationale les a maintenus et continue de les maintenir, ce qui contribue à produire les effets catastrophiques que nous n'avons pas fini de constater ». Priver la jeunese de son histoire, c'est la rendre incapable de construire son avenir.
Cependant, une petite lueur pointe à l'horizon 2008 : sous la pression de Miroslav Lajcak, haut représentant des Nations Unies, l'accord de stabilisation et d'association avec l'Union Européenne a été « paraphé » le 4 Décembre 2007. On ne parle pas encore de signature car le désaccord de la République Serbe de Bosnie sur la réforme de la police, entre autres, a empêché les négociations d'aboutir. Néanmoins cette information a été accueillie par les bosniens comme une bonne nouvelle ( enfin ) alors que depuis octobre les Serbes de Bosnie, soutenus par la Serbie, menacent de faire sécession si l'indépendance est accordée au Kosovo.
Sous l'effet entremêlé de la corruption et de la culture yougoslave, la société se fracture ... une classe moyenne ou riche émerge peu à peu... ceux qui travaillent dans l'administration et ont depuis longtemps un salaire assuré, la diaspora qui s'est fait une place au soleil ou encore les profiteurs de guerre, cèdent à la tentation locale de démonstration publique de leur réussite... les maisons luxueuses, les grosses voitures et les bâtiments aux architectures arrogantes cachent la misère des 45 % de la population ( 65 % parmi les jeunes ) sans travail ni indemnités sociales, qui louent leurs bras au jour le jour, quand la chance leur sourit. L'absence d'état de droit et de solidarité nationale maintiennent les plus démunis dans une grande fragilité physique et psychologique, avec l'accord tacite d'une part de la société qui ne veut plus regarder en face la misère dont elle-même est sortie.
Dans ce contexte les acteurs de solidarité sociale sont des figures exceptionnelles. A ceux qui sont nos guides depuis 1994, nous ajouterons cette année Beba HADZIC directrice de la coopérative BOSFAM à Tuzla qui fait travailler de très nombreuses femmes à domicile, achète et commercialise leur production. Ahmed HUBLIC nous a aussi séduits avec sa coopérative VOCAR, qu'il dirige avec un ami serbe : il fait travailler 2000 coopérants agricoles de toutes communautés, dans la région de Zvornik.
En l'absence d'investisseurs, la micro-économie est dans ce contexte d'instabilité politique une des seules voies possible de soutien efficace à l'économie locale. c'est pourquoi nous nous sommes engagés avec l'ANAEM ( Agence Nationale pour l'Accueil des Etrangers et des Migrations ) pour donner un tremplin économique aux migrants rentrés de France. Ils sont pour la plupart jeunes, sans formation et dans l'incapacité de construire un projet. Mirela MAROSLIC, qui est chargée de cette mission, leur apporte ténacité, créativité et méthode pour faire à partir de leurs idées un projet réaliste qui sera finalement accepté par l'Ambassade de France et financé. Nous avons encore peu de recul sur ce programme mais nous pointons déjà plusieurs difficultés : l'absence cruelle de formation des jeunes, l'incompétence de beaucoup dans l'agriculture qu'ils choisissent par défaut et non par goût, enfin l'impossibilité et l'incapacité pour les plus jeunes d'avoir un travail autonome. Beaucoup de chemin reste à faire pour fiabiliser l'approche de ces 7 premiers mois, mais c'est une voie réaliste, concrète et efficace pour soutenir économiquement cette population et l'aider à se fixer.
Notre association poursuit son travail sur troix axes :
- le soutien aux personnes qui structurent la vie sociale ( enseignants, médecins, responsables d'associations…)
- l’aide au développement de l’éducation ( cette année 106 enfants sont parrainés par des familles françaises et bosniennes )
- la mise en place de micro-projets économiques
Voici donc quelques nouvelles de nos actions…
Quelques uns parmi nous se réunissent le 1er mardi de chaque mois à Irigny pour travailler aux différents projets :
Claire Bene, Jasminka Bonfanti, Gisèle et Yves Brun, , Claudine et Michel Duchamp, Jean Louis Krafft, , Isabelle Lacroix, François-Xavier Laurent, Maurice Leone, Jasna Marcour, Medina Maroslic, Véronique Némond, Sanela Nuhic, Anthony Pangna, Nicole Perotti, Denise Sabatier
LES DEMANDEURS D'ASILE EN FRANCE : Certains, arrivés depuis 2004, attendent encore des réponses à d'ultimes recours, les familles qui ont eu leurs papiers s'intègrent bien, ils ont des appartements, les hommes travaillent, les femmes font des formations. Claudine et Nicole réunissent régulièrement de jeunes mères avec leurs enfants. Différentes associations nous signalent les «internements abusifs» qui peuvent se produire au centre de rétention de Satolas concernant des familles bosniennes.
LES PARRAINAGES : c'est un moyen très efficace et très sûr pour aider les enfants et leurs familles. Le circuit financier est parfaitement sécurisé et chaque filleul reçoit 40 € par mois, 10 mois par an grâce au travail fidèle de Mirela DZUBUR : Nous avons cette année 128 parrains français et bosniens qui financent les études de 106 enfants ou étudiants : 9 au camp de Jezevac, 21 à l'Ecole de Sanski Most, 48 au camp de Mihatovici, 22 étudiants de Srebrenica, 4 ailleurs en Bosnie et 2 en France. 8 étudiants de Srebrenica sont venus passer une semaine de vacances en France et pour certains voir leurs parrains : émotion, découverte, joie intense, mais aussi tentative d'échanges entre cultures. La formation est une priorité pour l'avenir des jeunes : Il nous faut rappeler souvent les critères que nous avons définis pour que ce projet éducatif ne se transforme pas en aide sociale systématique.
LES MICRO PROJETS ECONOMIQUES : ce projet a pris corps dès janvier 2007, après avoir rencontré l'Agence Nationale pour l'Accueil des Etrangers et des Migrations ( ANAEM ) avec qui nous avons conclu en avril 2007 une convention. Nous nous sommes engagés à aider les demandeurs d'asile déboutés de leurs droits en France et qui ont accepté de revenir en Bosnie, à construire un projet professionnel ou de subsistance. Nous avons recruté Mirela MAROSLIC qui travaille avec ardeur à cette mission. Elle est basée à TUZLA au Centre Culturel Français. Un peu plus de 100 familles ont déjà pris contact, 22 projets sont en cours de réalisation, environ 150 familles sont encore à contacter. Nous espérons monter une quarantaine de projets au cours de l'année 2008 ! Mirela sera présente à l'assemblée générale et vous partagera son dynamisme et sa passion pour son travail, mais aussi les lourdeurs qu'elle doit affronter. Michel DUCHAMP, responsable de ce projet, met en place un réseau de contacts en France et en Bosnie pour élargir et fiabiliser ce travail, chercher des entrepreneurs partenaires pour parrainer des projets, et inventer une prochaine étape... Fikret DZEMIDZIC assure volontairement depuis Sarajevo la comptabilité de cette activité. Nous sommes aidés dans ce chantier par Forum Réfugiés et par l'Ambassade de France et mettons en place une commission de travail.
SANSKI MOST : La petite ville végète... l'effectif de l'école 7ème Korpus a diminué de moitié sous l'effet conjugué des retours en RS et de l'immigration. Les liens restent forts avec l'équipe des professeurs malgré le départ d'Amela et de sa famille à Zvornik, où son mari a trouvé du travail. Notre amie et interprète Merima KALIC est décédée des suites d'un cancer du sein.
PRIJEDOR : Les femmes de l'Association IZVOR poursuivent leur travail de recherche des disparus (un peu moins de 20000 pour toute la Bosnie). Elles ont été choisies pour collaborer au travail des Tribunaux locaux et recueillir les témoignages de ceux qui, au bout de tant d'années, acceptent de parler.Cependant les risques sont importants car les criminels d'hier sont présents partout. Mir Sada participe faiblement à la location de leur bureau.
KOZARAC : La fierté bosniaque se montre ici plus qu'ailleurs, dans cette ville essentiellement peuplée de bosniens musulmans, totalement rasée pendant la guerre, qui a connu les pires camps d'enfermement et un génocide de 3227 personnes. Ainsi les maisons de la diaspora manifestent une certaine arrogance par leur éclat qui tranche sur les propriétés laissées à l'abandon et les champs en friche. La “maison de la paix” poursuit sa fonction de lieu de rencontres et de lien social., Emsuda et son équipe y accueillent les femmes seules, les personnes âgées et les enfants de toutes provenances. MIR SADA finance partiellement le « dispensaire médical mobile » depuis cinq ans.
Camp de MIHATOVICI : Le climat est lourd dans ce lieu d'abandon. Les familles encore présentes sont dans l'incapacité de faire face à un retour dans leur village. L'école est toujours dirigée par Fejzo Begovic, seule autorité du camp. Nous avons mis en place un accord avec l'association Zemlja Djece pour assurer et encadrer les animations extra-scolaires pour les 250 enfants du camp. Le gardiennage de la salle de sport est financé par Mir Sada. Nous avons décidé d'arrêter les approvisionnements en médicaments du dispensaire médical car leur distribution manquait de lisibilité.
Camp de JEZEVAC : quelques familles s'accrochent encore au camp qui doit fermer ses portes à la fin 2007. Claire Bené assure les liens avec les familles déplacées depuis Grab Potok et avec les filleuls qui sont encore dans la région. Le « Club Solidaire » de l'Ecole de CHARLY rassemble 50 enfants et fait des merveilles pour ses trois filleuls.
SREBRENICA : La ville est partagée entre désir de mémoire et désir de vivre. Le climat est pesant malgré la volonté des « retournants » qui tentent de reprendre pied sur leur terre, soutenus par l'Association Drina Srebrenica. L' université de droit accueille courageusement une centaine d'étudiants dans des locaux mal adaptés. La « maison des jeunes et de la culture » renaît, dirigée par une bosnienne avec toute une équipe d'employés d'origine serbe. Ils multiplient les rencontres inter-communautés mais manquent cruellement de finances... pour la culture aussi la France est absente ! Trois jeunes étudiants belges et français y ont passé 3 semaines cet été, la communication a été difficile et le bilan mitigé.
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A SARAJEVO, Mirela, Mimo et Mirna DZUBUR AGANOVIC, Suada et Fikret DZEMIDZIC, Vesna CENGIC sont fidèles à MIR SADA. Nous demeurons liés à «Médecine France Bosnie», «Intersocial», «Enfants Europe Bosnie», «Mir Sada Bourgogne».
Nous remettons en main propre les financements que nous attribuons.Un reçu fiscal est envoyé à chaque donateur.
Les actions sont financées par vos dons,et par les marchés de Noël dont Gisèle Brun assure avec succès l'organisation
Un rapport financier détaillé sera remis au cours de l’Assemblée Générale du 12 janvier 2008.