Année 2006

COMITE BOSNIE MIR SADA ( Lyon )

9, rue Despeignes 69008 – LYON – 
Tél Fax Rép : 04 78 09 02 90 
e-mail : mir.sada.bosnie@gmail.com

Ass. Loi 1901 – Autorisation Préfectorale 1/36308
 – Compte Crédit Agricole n° 75257858000  Agence Lyon Roosevelt

 

«Le vrai destin de l'homme du Levant « se faufilant péniblement entre l'Orient et l'Occident, sans appartenir à l'un ou à l'autre, mais frappé par les deux (...) Ce sont des hommes qui vivent sur des frontières physiques et spirituelles , sur une ligne noire et ensanglantée qui, à la suite d'un malentendu absurde et dur, a été tracée entre les hommes parmi lesquels il ne devrait pas y avoir de frontière.»

                     Ivo Andric - prix Nobel 1961  – La chronique de Travnik.

 


Chers amis,

L’Assemblée Générale  2006 de notre Association se tiendra

Le Samedi 20 Janvier 2007 à partir de 17 h

À la Maison du Temps Libre à IRIGNY (69) , 19 rue du stade, (bus n°15)

Ce temps d'échange se poursuivra vers 20 h par un repas festif
(
prix du repas 10 €, inscription par courrier ou couriel)

 

Après les frémissements médiatiques de l'année 2005 qui avaient salué les  dix ans de mémoire des massacres de Srebrenica, puis  la conclusion du Traité de Dayton qui avait mis fin à la guerre, un silence complice a rétabli une distance trompeuse avec « les Balkans ». Loin de notre indifférence silencieuse la Bosnie poursuit sa lente convalescence, sans véritable signe d'espérance. L'état de la Bosnie 11 ans après la fin de la guerre confirme ce que nous avons entendu dès 1993 : « Nous avons été abandonnés ».

 

Les petites maisons à un ou deux étages ont continué à grimper le long des collines mais souvent, une seule pièce est habitée par les vieux parents. Les jeunes se sont mariés pour partir vite, chercher fortune et sécurité à l'étranger. Mais l'immigration en Europe ne marche plus et leur quête d'avenir se transforme en errance. Les moins chanceux ou les plus fragiles sont restés dans les            « camps de réfugiés » appelés pudiquement « habitats collectifs ». La jeunesse se sent « en cage, comme dans un parc d'attraction » avec pour seule fenêtre sur le monde la télévision tentatrice et illusoire, et pour seul horizon leur écoeurement. Samir nous disait « J'ai cent ans ! vous allez repartir contents... moi je vais rester, tous les jours se ressemblent »

 

Le niveau de vie de ceux qui ont un emploi dans l'administration s'est stabilisé, les salaires sont réguliers, mais le taux de chômage global reste le même ( entre 40 et 50 % ). L'absence de programmes sociaux et les dysfonctionnements des administrations laissent sur le pavé tous ceux qui ont peu de formation et aucune ressource personnelle où puiser la construction d'un projet professionnel. Les organismes de micro-crédits existent, mais sans accompagnement social, ce qui conduit souvent au surendettement. Les investisseurs sont rares... la France brille par son absence.

 

De plus les formations dispensées ne sont pas orientées vers les besoins réels, les stages pratiques existent peu, les études supérieures et les examens en faculté sont payants ( officiellement ou en sous-main ) : obtenir un examen pour un enfant de réfugié requiert une ténacité peu commune. A cela il faut ajouter l'absence de coordination entre les programmes scolaires des deux entités ( bosno-serbe et croato-musulmane ), ainsi que l'attribution des emplois réservée aux ressortissants de chaque entité.

 

Les Bosniens se sentent trahis : Milosevic est mort sans être jugé, l'arrestation de Mladic et Karazic ne fait plus illusion et les        « Femmes de Srebrenica » sont amères devant ce qui apparaît comme une comédie internationale. Elles souffrent et témoignent avec une dignité remarquable. Nous avons visionné avec elles la cassette des « scorpions » qui a ému l'opinion en Serbie... insoutenable. Les procès locaux avancent à peine, nos ami (e)s de l'Association IZVOR participent au rassemblement des témoignages qui devraient permettre la mise en accusation des criminels de guerre. Elles estiment à 10000 le nombre de criminels présumés : trois jugements ont été prononcés.

 

Dans ce pays où psychologie signifie folie, très peu de choses ont été faites pour « parler » la souffrance et soigner les esprits. Chacun s'est replié sur son histoire, racontant autour d'un café aux voisins, à la famille, ce qu'il avait vécu. Les malheurs ont ainsi résonné aux oreilles de tous sans être véritablement entendus, écoutés, soignés. La religion s'est engouffrée dans cet espace béant, contribuant à semer la confusion. Aujourd'hui la méfiance et le doute se sont insinués dans les esprits, personne n'échappe à la rumeur et à la suspicion. A l'éclatement des peuples et des maisons s'ajoute l'éclatement d'une société où les relations se délitent et où les valeurs d'accueil et de tolérance sont emportées devant  l'exigence de la subsistance quotidienne. Qu'est devenu le rève d'un pays pluriethnique ou pluriculturel ?...

 

Les bosniens vivent à 1500 kilomètres de chez nous... une sorte d'enclave dans l'Europe des 25... Que signifie cet abandon de la part des européens ? ... Que signifie le maintien du statu quo voulu par Dayton ?... Quelles complicités cache-t-on en laissant la liberté aux deux principaux criminels de cette guerre ?... La Bosnie a été déclarée « pays sûr» par la France en Juillet 2005 : avec Olivier Brachet, Directeur de Forum Réfugiés nous croyons que cela relève d'un non-sens, et que cette disposition ne prend pas en compte le respect de l'Etat de Droit et des droits de l'Homme.

 

Il est urgent d'imaginer pour ce pays des perspectives de développement économique, et pour ce faire, de relancer la sensibilisation politique en France. « Si vous ne le faites pas pour nous, faites-le pour vous » nous ont dit en 1993 Les Femmes de Bosnie...

 

« La différence linguistique et culturelle ne peut devenir inspiration productive que si les concitoyens communiquent, se connaissent, voire s'estiment. La  «tolérance » indifférente des autres n'est qu'une ignorance qui peut se muer à la moindre occasion en soupçon et en hostilité ( Jan Sokol, philosophe, Université Charles à Prague ).

Notre réponse s'invente sur troix axes  :

- le soutien aux personnes qui structurent la vie sociale ( enseignants, médecins, responsables d'associations…)

-  l’aide au développement de l’éducation ( cette année 86 enfants sont parrainés par des familles françaises et bosniennes )

-  l’aide aux réfugiés en France et en Bosnie

 

Quelques uns parmi nous se réunissent le 1er mardi de chaque mois à Irigny pour  travailler aux différents projets :

Claire Bene, Jasminka Bonfanti, Gisèle et Yves Brun, , Emir Dikic, Claudine et Michel Duchamp, Suada Dzemidzic, Jean Louis Krafft, , Isabelle  Lacroix, Vesna Leconte, François-Xavier Laurent, Maurice Leone, Sanela Manjigafic, Jasna Marcour, Medina Maroslic, Véronique Némond, Sanela Nuhic, Nicole Perotti, Marie-Laure Ribes, Denise Sabatier

 

                                                                                       Voici  donc quelques nouvelles de nos actions…

                                                                                                              

LES DEMANDEURS D'ASILE EN FRANCE : Les mesures Sarkozy se sont traduites par une baisse de 70 % du nombre de demandeurs d'asile dans le Rhône en 2006. Nous avons rencontré cette année une quinzaine de familles qui avaient accepté un retour en Bosnie, après avoir épuisé tous les recours... projets qui s'effondrent, deuil difficile qui s'ajoute à la vie si lourde. D'autres ont refusé de partir et sont dans une grande précarité. Parmi ceux que nous connaissons depuis presque trois ans, les familles qui ont eu leurs papiers s'intègrent bien, ils ont des appartements, les hommes travaillent, les femmes font des formations. Claudine, Nicole et Jasna réunissent tous les quinze jours un groupe de jeunes mamans avec leurs enfants.

                                                                                                              

LES PARRAINAGES : c'est un moyen très efficace et très sûr pour aider les enfants et leurs familles. Le circuit financier est parfaitement sécurisé et chaque filleul reçoit 40 € par mois, 10 mois par an. Nous avons maintenant 110 parrains français et bosniens qui financent les études de 93 enfants ou étudiants de Bosnie : 9 dans le camp de Jezevac, 21 à l'Ecole de Sanski Most,  42 dans le camp de Mihatovici, 19 étudiants de Srebrenica et 2 en France. Une commission «parrainages» coordonne cette action en France et Mirela Dzubur Aganovic suit très précisément chacun sur le terrain en Bosnie.

                                                                                                              

LES MICRO PROJETS ECONOMIQUES : ce projet est né au cours de l'année 2006, en cherchant à adapter notre action aux besoins actuels. Un repérage des acteurs et des moyens a été fait par Michel Duchamp. Certaines organisations existent , mais elles s'adressent à une population ayant une certaine capacité d'autonomie. Dans les milieux que nous cotoyons l'information ne passe pas, les ressources personnelles ne sont pas valorisées, l'initiative n'est pas soutenue et donc vouée à l'échec. Nous souhaitons prendre les moyens de soutenir des projets professionnels ou de subsistance. Pour cela, Michel Duchamp met en place un réseau de contacts en France et en Bosnie, cherche des entrepreneurs pour parrainer des projets et des subventions pour financer un poste de permanent en Bosnie. Nous sommes aidés dans ce chantier par Forum Réfugiés et par l'Ambassade de France en Bosnie.  

 

SANSKI MOST : La petite ville végète... l'effectif de l'école 7ème Korpus a diminué de moitié sous l'effet de l'immigration. Nous avons participé au financement de la photocopieuse pour l'Ecole. Les liens restent forts avec l'équipe des professeurs et l'ancien  directeur, Ibro CERIC qui  coordonne.avec Amela, professeur de bosniaque, les parrainages  pour Sanski Most                                                                                                                                             

PRIJEDOR : Les femmes de l'Association IZVOR poursuivent leur travail de recherche des disparus ( un peu moins de 20000 pour toute la Bosnie ). Elles ont été choisies pour collaborer au travail des Tribunaux locaux et recueillir les témoignages de ceux qui, au bout de tant d'années, acceptent de parler.Cependant les risques sont importants car les criminels d'hier sont présents partout. Ce travail subventionné leur a permis de créer deux emplois. Mir Sada participe faiblement  à la location de leur bureau.

                               

KOZARAC  : La “maison de la paix” poursuit sa fonction de lieu d'accueil, de rencontres et de lien social. Emsuda MUJAGIC projette la création d'une serre de maraîchage pour assurer la nourriture des personnes âgées qui sont nombreuses, ainsi que le développement de l'apiculture pour assurer un revenu aux femmes seules de la région. MIR SADA finance partiellement le « dispensaire médical mobile » depuis cinq ans. Nusreta SIVAC a eu un emploi dans une administration à Banja Luka.

 

Camp de MIHATOVICI : Le climat est lourd dans ce lieu d'abandon. Les familles encore là sont, pour de multiples raisons, dans l'incapacité de faire face à un retour dans leur village. L'école est toujours dirigée par Fejzo Begovic, seule autorité du camp. Des cours de français sont organisés par l'Ambassade de France pour trois classes et pour un groupe d'adultes. Nedima  Galic et son mari animent depuis trois ans 12 h par semaine d'acivités extra-scolaires financées par MIR SADA. Le gardiennage de la salle de sport est financé par Mir Sada. Chantal Chapron poursuit l’approvisionnement en médicaments du dispensaire médical du camp.

 

Camp de JEZEVAC : nous finançons des activités extra scolaires pour les enfants, en lien avec l'association Zemlja Djece. Claire et Bernard Bené assurent  les liens avec les familles déplacées depuis Grab Potoc et avec les filleuls qui habitent ce camp. Le Club Solidaire de l'Ecole de CHARLY qui rassemble 50 enfants, fait des merveilles pour ses trois filleuls.

                                                                                                              

SREBRENICA : La ville n'en finit pas de panser son immense blessure. Le climat est pesant malgré la volonté des « retournants » qui tentent de reprendre pieds sur leur terre, encouragés par l'Association Drina Srebrenica. Une université de droit a ouvert ses portes à quelques étudiants et la «maison des jeunes et de la culture» essaie de renaître. Nous organiserons en Juillet 2007 quelques jours en France pour les filleuls étudiants de Srebrenica. Nous souhaiterions être plus présents.

                                                                                          

A SARAJEVO, Mirela, Mimo et Mirna DZUBUR AGANOVIC, Suada et Fiko DZEMIDZIC, Vesna GENGIC sont fidèles à MIR SADA. Nous demeurons liés à «Médecine France Bosnie», «Intersocial», «Enfants Europe Bosnie», «Mir Sada Bourgogne».

 

Nous remettons en main propre les financements que nous attribuons.Un reçu fiscal est envoyé à chaque donateur.

Les actions sont financées par vos dons,et par les marchés de Noël dont Gisèle Brun assure avec succès l'organisation

Un rapport financier détaillé sera remis au cours de l’Assemblée Générale du 20 janvier 2007.